Eglise Saint-Sever
Ancienne église

L’ancienne église paroissiale St-Sever a été rasée et remplacée par une église beaucoup plus récente entre 1857 et 1860. Elle n’occupe pas exactement le même emplacement. Elle a été déplacée plus au sud. De même son orientation a varié de près de quatre vingt dix degrés. Maintenant le chœur est plein sud.
L’église paroissiale du faubourg d’Emendreville, à ses débuts, ne constituait qu’un simple oratoire consacré à  saint Cassien. Cette modeste chapelle St-Cassien reçut donc en 990 les reliques de saint Sever. A partir de cette date, elle ne fut plus connue que sous le nom d’église St-Sever...
Les conflits de 1143-1144 entre Mathilde l’Emperesse, petite-fille de Guillaume le Conquérant, et le roi d’Angleterre, Etienne de Blois, pour la possession du duché de Normandie se traduisirent par de violents combats. L’incendie de l’ensemble du faubourg d’Emendreville, désormais aussi dénommé St-Sever, ravagea alors la paroisse. Les premiers desservants de la paroisse, ceux qui en furent les curés au début, n’étaient autres que des pères du proche prieuré de Bonne-Nouvelle.

L’église détint quelque temps les précieux restes de saint Sever.
L’église primitive dut être rebâtie au XIVe siècle. Elle fut ruinée avant le siège des Anglais de 1417-1418. Ce furent les Rouennais eux-même qui la détruisirent pour qu’elle ne serve pas d’abri aux assiégeants.
Elle fut ensuite lentement restaurée et seulement en partie. Les travaux traînèrent jusqu’en 1538, année de sa dédicace.
L’édifice fut dévasté par les Huguenots en 1562. Ils en brisèrent les ornements, particulièrement les vitraux et les bancs.
Elle fut de nouveau dévastée en 1591-1592, lors du siège d’Henri IV contre les Rouennais ligueurs. Elle fut reconstruite au tout début du XVIIe siècle.
L’ancienne église était fort simple. Elle ne comportait qu’une nef couverte d’une voûte en bois. Cette nef n’avait que trois travées et se terminait par un chevet plat au niveau de ce qui est maintenant la rue d’Elbeuf. Un seul bas-côté de peu d’élévation courrait au nord sur la longueur de l’édifice.
Une lourde tour occupait tout le bas de ce collatéral. Elle était surmontée d’un petit clocher quadrangulaire couvert d’ardoises.
Conservée après la Révolution, en 1791, comme église paroissiale, l’église fut ensuite fermée. Elle a été utilisée pour entreposer les linges souillés des prisonniers du Palais de Justice. Après réfection, St-Sever fut rendue au culte après le Concordat, en 1802.

Toutefois, l’église St-Sever a été tenue, avant le Concordat, par un prêtre acquis au clergé dit “constitutionnel”, très dévoué, et qui - fait exceptionnel - fut maintenu en place jusque vers 1802.
En 1856, l’église menaçait ruine et se révélait insuffisante pour les besoins d’une paroisse dont la population s’accroissait toujours. Il fut alors décidé d’édifier une nouvelle église, non orientée. Pendant quatre ans, les travaux furent entrepris pour la construction d’un monument de style néo-Renaissance par l’architecte Vachot.
On put voir, peu avant la bénédiction du nouveau sanctuaire, l’ancienne église, à sa place devant la nouvelle.
Dès 1860, le vénérable monument fut abattu.
Il est possible que l’on ait réutilisé quelques éléments de la vieille église pour la construction de bâtiment faisant autrefois fonction de mairie annexe de St-Sever et de commissariat, de l’autre côté de la rue d’Elbeuf.

 
Clergé
En 1770, le clergé se composait de 7 personnes :
2 acolytes
En 1834, le curé était M. Godequin, 3, rue d'Elbeuf.
 
Mobilier

Elle contenait une chaire de bois du XVIIe siècle provenant de l'église Saint-Herbland.
Une statue en bois polychrome, du XVIIIe siècle également, représentant saint Sever et placée près du maître-autel, pourrait faire partie de l’ancien mobilier.
Un maître-autel surmonté d’un retable avait été installé dans l’église en 1721. Les panneaux orientaux des voûtes de bois étaient peints. Ils contenaient, à droite, la Vierge, saint Jean, saint Luc, saint Grégoire, saint Jérôme, saint Paul et, à gauche, Jésus Christ, saint Marc, saint Matthieu, saint Pierre, saint Augustin, saint Ambroise ainsi que quelques anges et, au-dessus, un prêtre, sans doute le curé de St-Sever qui les avait fait exécuter.
La pierre de dédicace de l’église datant de 1538 est encore bien visible au revers du portail de l’actuel.

 
Tableaux
Une toile peinte par Déhays fils (1746) figurait dans la décoration de l'église.
En 1849, elle avait reçu une toile, copie d'un tableau du peintre Lesueur, l'Assomption.
Deux toiles de l’actuelle St-Sever proviennent de l’ancienne église : Jésus nourri par les anges d’un artiste anonyme du XVIIIe siècle et un Ecce homo (ce dernier tableau étant sous verre).
Un tableau de confrérie figurait dans l'église. L'église est figurée en arrière plan, à gauche.
Il ne reste que deux tableaux dans une chapelle à l'est, près de la sacristie.

Tableau de Confrérie

Saint Yon

L'Assomption

 
Nouvelle église

Sa construction a été décidée en 1854 et les travaux ont commencé en août 1856. L'architecte était M. Vachot, l'entrepreneur Baron fils.
La pose de la première pierre a été faite plus tard, le 13 avril 1857. l'église a été consacrée le 26 mai 1860.
La construction a duré trois ans et demi. L'ancienne église a alors pu être démolie.
L'église a la forme d'une croix latine. Elle n'est pas orientée (son chœur est au sud)
La nef est accompagnée de deux collatéraux terminés par de petites absides formant chapelles.
Son style gothique est mâtiné de celui de la renaissance
Le clocher se trouve au-dessus de la façade. Il mesure 57 m de haut.

 

Mobilier
Le maître-autel est particulièrement orné de multiples panneaux historiés. L'autel de la chapelle absidiale est est en bois et consacré à Saint-Michel, celui de la chapelle ouest est à la Vierge.
Une poutre de gloire orne l'arc de la première travée de la nef.
 
Vitraux
Les vitraux sont de M. Drouin. Il y a cinq verrières dans le chœur, toutes de 1860.
Reine devant la Trinité
Résultat d'une quête
Saint Romain et saint Pierre
Don de M. Thevenin
Sainte Austreberthe et saint Paul
Don de l'abbé Lecœur
Saint Stéphane et saint Jérôme
Don de M. Chéron
Saint-Louis et sainte Clothilde
Don de P. Lecœur aîné
Rose sud
Elle porte en son centre les armes du cardinal de Bonnechose
Rose nord
Elle porte en son centre les armes du cardinal Blanquart de Bailleul

Un vitrail plus récent orne une fenêtre d'une chapelle de façade. Il représente l'Ascension.
Il est ni daté ni signé.
Le tympan porte les armes de Mgr Martin, archevêque de Rouen.
 
Tableau
Un tableau de confrérie fig
 
Orgues
L'orgue de tribune a été construit par le facteur rouennais Hubert Kirscher en 1881.
Le facteur Bouillou est intervenu en 1900.
l'instrument a été relevé en 1926 par Mutin. On a ajouté une grande tribune en avant de l'instrument.

L'orgue de chœur provient de l'église Saint-Godard. Il date de 1850. Il a été réharmonisé par Cavaillé-Coll en 1851 et transféré à Saint-Sever en 1885 par Narcisse Duputel (le buffet est resté à Saint-Godard). Il a été relevé en 1885 par Krischer et transformé en 1921 par John Abbey. Il a de nouveau été transformé vers 1960 par Maurice Gervais, et relevé en 1987 par Jean Belfort.
une dernière restauration a été faite en 2012 par denis Lacorre de Nantes.

 
Cloches
L'ancienne église possédait trois cloches qui avaient été fondues par Joseph Mahuet et Petitpas, le 30 août 1758 dans une cour de la rue Pavée. deux d'entre-elles disparurent à la Révolution et furent remplacées en 1814.
La Marie-Michel avait été fondue Par Caplain Père et fils. Elle nécessita une refonte à la fin du XIXe siècle. Elle se nomma ensuite Marie-Antoinette-Mathilde et fut fondue par Adolphe Havard de Villedieu. Elle avait été vendue par Henri Roy, de Sainte-Austreberthe.
 
Confréries

Les confréries vécurent de nombreux conflits.
La Charité.
Elle existait semble-t-il au XIIe siècle. Elle a été reconstituée en 1465 et approuvée en 1489.
Confrérie de sainte Suzanne, saint Mathurin et sainte Barbe. Elle apparaît en 1468 et est à nouveau érigée en 1525.
Confrérie du saint Esprit, saint Jean-Baptiste, saint Sébastien
. Fondée en août 1566.
Confrérie du saint Sacrement
. Approuvée en 1681.
Confrérie de sainte Clothilde.
Confrérie du Sacré cœur.
Confrérie de Notre Dame de Pitié.

 
Localisation


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Bibliographie
Histoire de la ville de Rouen, F. Farin, 3e ed., 1738, t. V, p. 11-23.
Abrégé de l'histoire ... de la ville de Rouen, Lecoq de Villeray, 1759, p. 346-347.
Tableau de Rouen,
Machuel, 1777, p. 144-146.
Exploration de la Normandie - Rouen
, Walsh, 1835, p. 347-349.
Restauration de l'église Saint-Sever,
Revue de Rouen, 1848, p. 481-483.
Dalle de l'église Saint-Sever,
P. Baudry, PV CDA, 1865, p. 361.
La Semaine religieuse du diocèse de Rouen
, 12/9021870, p.1194.
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Dalle tumulaire de Saint-Sever transporté à la cathédrale,
P. Baudry, PV CDA, 1866, p. 371.
Souvenirs du Vieux-Rouen,
A. et E. Marguery, 1878.
Marché pour une contretable destinée au chœur de l'église Saint-Sever,
Ch. de Beaurepaire, Bull. CDA, 1885-87, p. 175-177.
Sotteville-lès-Rouen et la faubourg de Saint-Sever,
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Note sur la seigneurie d'Emandreville,
Ch. de Beaurepaire, Bull. CDA, 1894-96, p. 361-364.
La semaine religieuse du diocèse de Rouen, 28/07/1900, p.
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Les cloches des églises de Rouen,
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la paroisse St-Sever sous la Révolution,
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Histoire ancienne et moderne de la paroisse de Saint-Sever,
Ch. Farcy, 1933.
Rouen, Ville d'art et d'Histoire, Eglises, chapelles et cimetières à travers les âges
. Edgard Naillon, T. 1, 1936
Eglises de Rouen, E. Naillon, 1941, p. 74-76.
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De l'Ecole Normale au Pôle Régional des savoirs, 2011, p. 30-31.
Eglises et chapelles de Rouen, un patrimoine à (re)découvrir, N.-J. Chaline, AMR, 2017, p.194-199.

© Copyright Jacques Tanguy, février 2013