Saint-Herbland

La plus ancienne description de cette église remonte à 1053, lorsque les reliques de saint Wulfran (aussi appelé saint Hermeland) furent accueillies à Rouen. Elle devait toutefois exister avant la fin du VIIIe siècle. La relation étroite qui existait entre l’église et la Métropole incite à penser à une fondation sous les épiscopats de Hugues (vers 722-730)
La plus ancienne mention de la paroisse remonte à 1117. Il y est question du prêtre. Il s’agissait d’une dépendance de la cathédrale, sous l’autorité des chanoines.

La tradition voulait que tout nouvel archevêque de Rouen fasse une halte dans l’église St-Herbland lors de son entrée solennelle. Il s’y déchaussait et c’est pieds nus qu’il entrait dans son église métropolitaine. St-Herbland fonctionnait donc comme une chapelle de porte marquant la limite du groupe cathédrale.
A la fin du moyen âge, l’édifice menaçait ruine, selon l’historien de Rouen Farin. Il fut intégralement reconstruit en 1483 par les célèbres maîtres d’œuvre Richard Boissel et Roulland Le Roux, le neveu de Jacques Le Roux.

Les travaux se terminèrent vers 1556. A cette date on dorait encore les statues des portails.
St-Herbland fut dévastée par les Huguenots en 1562.
Les dessins de Jacques Le Lieur comme les autres images de l’église montrent que l’église St-Herbland présentait des similitudes avec l’église St-Maclou sa contemporaine. Les moulures prismatiques des archivoltes descendaient directement jusqu’aux bases sans aucun chapiteau. L’intérieur était fort clair du fait de l’importance de la surface vitrée. Il y avait une nef assez haute, plus longue que ne le laisse penser le dessin de Le Lieur, et deux bas-côtés. Les clefs de voûte étaient ouvragées. Celles du chœur étaient dorées.

Le chevet se trouvait sur la rue des Carmes. A l’ouest, le pignon s’appuyait sur des maisons. Comme dans certaines églises de Rouen, le portail principal (construit vers 1530-1531) s’ouvrait sur la rue du Gros-Horloge (rue Courvoiserie au moyen âge) et une petite porte s’ouvrait au nord, vers l’aître. Il y avait quatre chapelles dédiées à saint Jacques, saint Matthieu, sainte Catherine et saint Louis.
Un svelte petit clocher en bois recouvert de plomb s’élevait au milieu de l’église.
L’église paroissiale fut supprimée en 1791. Elle fut vendue le 6 messidor an IV (24 juin 1796). L’acheteur, François Moulin, la paya 112.850 livres. Elle était en mauvais état et, en 1799, il fut sommé par la Municipalité de faire disparaître les ornements du portail.
L’édifice fut transformé en établissement de messagerie, accueillant les diligences et servant de remise.
En 1824-1825, un immeuble fut construit à l’emplacement de l’église par l’architecte Maillet du Boullay. Une simple galerie marchande à angle droit, pratiquée dans le nouveau bâtiment, fut appelée passage St-Herbland.

 
Clergé
En 1770, le clergé se composait de 15 personnes :
7 prêtres
1 diacre
7 acolytes
 
Mobilier

La chaire en chêne avait été transportée dans l'église Saint-Sever à la Révolution.
Deux statues de bois polychromé de la fin du XVIe siècle ou du début du XVIIe siècle représentant saint Herbland et saint Nicaise ont été sauvées lors de la destruction de l’église. Elles se trouvent dans la cathédrale depuis 1824.
L’église possédait un riche mobilier : orgues, stalles, balustrades en fer. Grâce à l’archevêque François  de Harley, elle avait reçut en 1641  des reliques de son saint patron.

Statues provenant de Saint-Herbland, à la Cathédrale
Saint-Nicaise
Chapelle Sainte-Agathe
Saint-Herbland
Chapelle Saint-Eustache
 
Vitraux
Les vitraux devaient remonter au XVIe siècle. Il y avait entre autres une Transfiguration et Le Triomphe de la Mort. Ils ont été vendus en 1802 aux trop fameux Anglais Hampp et Stevenson, qui les envoyèrent en Angleterre où disparurent après leur revente.

Ces deux soufflets provenant du tympan d'une fenêtre représentant le Triomphe de la Mort peuvent provenir de Saint-Herbland.
Ils sont conservés au Victoria & Albert Museum de Londres.
Il peut d'agir du vitrail signalés comme réparé en 1657 par le peintre verrier Paul Delavoutte.

 
Orgue

L’orgue était l'œuvre de Guillaume Lessélier en 1631 ou de Clément et Germain Lefebvre en 1685.
Il avait été restauré en 1704-1705 par Antoine Vincent, puis en 1760 par son petit-fils Jean-Baptiste Lefebvre.
Il a été heureusement sauvé. En 1791 il a été démonté et acheté par la paroisse Saint-Michel de Bolbec. Il a désormais pris place sur la tribune qui surmonte le grand portail.

 
Confréries
Approbation de la confrérie ou charité en l'honneur de la transfiguration et saint Eloi, en juillet 1441.
Confrérie de saint Blaise, pour les peigneurs de laine.
Confrérie de sainte Barbe, de la sainte trinité, saint Pierre, saint Paul, sainte Geneviève
, pour les chapeliers.
 
Localisation


Cliquez sur l'image

 
Bibliographie
Voyages Liturgiques de France, Moleon (Sieur de), 1718, p. 418.
Histoire de la ville de Rouen, F. Farin, 3e ed., 1738, t. IV, p.102-112.
Abrégé de l'histoire ... de la ville de Rouen, Lecoq de Villeray, 1759, p. 293-294.
Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France, J. J. Expilly, Tome VI, 1770, p. 425.
Tableau de Rouen,
Machuel, 1777, p. 98-100.
Description historique des maisons de Rouen,
E. de la Quérière, 1821, p.126. T. II, 1841, p. 150-151.
Lettres sur la ville de Rouen, Alexandre Lesguilliez, 1826, p. 311-312.
Coup d'œil rétrospectif sur 24 églises paroissiales supprimées à la Révolution, E. de la Quérière, Bull Ste Emm., 1864, p.239-240.

Répertoire archéologique du départ. de la S.-Inf.,
Abbé Cochet, 1871, col, 389.
Note sur l'ancienne l'église Saint-Herbland de Rouen,
Ch. de Beaurepaire, Bull. CDA, 1876-78, p.178-187.
Documents et notes archéologiques,
L. Deglatigny, 1933.
Rouen, Ville d'art et d'Histoire, Eglises, chapelles et cimetières à travers les âges
. Edgard Naillon, T. 2, 1936
Répertoire des Anciennes Confréries et Charités du diocèse de Rouen approuvées de 1434 - 1610. Abbé Martin, 1936, p146.
Orgues de Normandie, Seine-Maritime, t. I, 1990, p. 24-27.
Des vitraux rouennais retrouvés en Angleterre, F. Perrot, Bull AMR, 1976-1977, p. 48.
Observations sur l'origine de quelques églises de Rouen. J. Le Maho, Bull. CDA, 1994, p. 31-32.
Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum,
Martine Callias-Bey, 2001, p.36.
Rouen aux 100 clochers, F. Lemoine et J. Tanguy, 2004, p. 53-55.
Rouen à la Renaissance, L.-R; Delsalle, 2007, p.261-266.
Trois paroisses de Rouen, XIIIe-XVe siècles - St-Lô, N.-Dame-la-Ronde et St-Herbland, Ph. Cailleux, 2012.

© Copyright Jacques Tanguy, février 2013