Eglise Saint-Eloi


Extrait du Livre des Fontaines

L’église St-Eloi se trouve dans le coin sud-ouest de la ville après son extension au XIIIe siècle. Elle se situait à proximité du Vieux-Palais et de la place de la Pucelle.
L’église St-Eloi n’était au XIe siècle qu’une chapelle édifiée sur une petite île de la Seine. Au début de la période ducale, elle fut rattachée à la terre ferme et une véritable église fut érigée sur ces “Terres Neuves”.
Une première église d’importance fut commencée le 5 juillet 1228. Farin déclarait qu’elle n’avait rien de remarquable. Elle constituait une prébende pour un chanoine de la Cathédrale que l’archevêque Hugues d’Amiens obligea à résider. Elle comportait trois autels. L’autel principal était dédié à la Sainte-Croix. Les autels secondaires à Notre-Dame-de-la-Consolation et à saint Firmin.

Au début du XVIe siècle, on décida de reconstruire entièrement l’église. Les travaux débutèrent par les trois travées à l’est. A l’époque de Jacques Le Lieur (1525), seul le chevet était construit comme on peut le voir sur la grande vue de Rouen.
Elle fut mise à sac par les Huguenots en 1562. En 1576, la fabrique décida de continuer l’édifice. Le chantier se poursuivit jusqu’au début du XVIIe siècle.
La tour date de la fin du XVIe siècle (1579-1580), comme la rose qui surmonte le portail principal.
Des travaux importants furent entrepris au début du XVIIIe siècle par l’architecte Martinet. Le décor intérieur devint baroque.

Le dernier curé de St-Eloi fut Germain Barré. Il fut surtout connu dans le milieu des libraires de l’époque puisqu’il amassa une phénoménale et précieuse collection de livres. Il devint seulement par nécessité bouquiniste sur le port de Rouen, pour échapper aux fureurs de la Révolution, et mourut à Montville simple curé.
La nef de neuf travées est flanquée de deux bas-côtés. Les trois travées à l’est étaient voûtées d’arêtes. On y ajouta plus tard des clefs à pendentifs (en mauvais état ils furent pour la plupart supprimés vers 1827 ou 1829) Les dernières travées de la nef n’avaient reçu à l’origine qu’un vaisseau de bois.

Le chœur peu proéminent est à trois pans.
La tour du clocher est assise à l’extrémité du bas-côté nord. Elle est surmontée d’un clocher en charpente du XVIIe siècle. A l’origine ce devait être une construction en colombage. Elle fut ultérieurement couverte d’ardoises.
Conservée au nombre des treize paroisses d’après la Révolution, l’église fut néanmoins fermée en 1791. Désaffectée, St-Eloi fut transformée en magasin à fourrage. En 1793, elle devint une fabrique de plomb de chasse, comme beaucoup d’églises, en raison de l’utilisation de la tour de son clocher pour cette entreprise.
Par décision de Bonaparte, alors consul à vie, l’édifice fut affecté à l’Eglise réformée en 1803 comme lieu de culte. Les Huguenots y célèbrent donc leurs offices et l’église est ainsi devenue un temple, devant une place St-Eloi dénommée depuis place Martin Luther King. St-Eloi eut à souffrir de quelques dommages pendant la Seconde Guerre mondiale et ne fut rendue au culte que le 2 avril 1950, après une sérieuse restauration.

 
Clergé
En 1770, le clergé se composait de 12 personnes :
9 prêtres
3 acolytes
 
Mobilier
On a retrouvé dans l'église la tombe du père du célèbre médecin Marin Le Pigny.
A la place de la Crucifixion de la baie centrale, on a remonté l'ancienne Gloire de l'église Saint-Etienne des Tonneliers.
A l'extérieur, contre le mur sud, un curieux tombeau porte l'inscription "Ici gît un corps sans âme, priez Dieu qu'il en ait l'âme".
Un bas-relief en marbre du XVIIIe siècle fut dégagé, en 1945, sous l’autel. Il représente les Funérailles de saint Eloi.
La chaire proviendrait de l'ancienne église du prieuré Saint-Louis.
 
Vitraux


Les vitraux de l'église Saint-Eloi sur Rouen-Histoire

Le vitrail de la fenêtre axiale avait été déposé au Musée des Antiquités. Il a été remonté en 1938 dans le chœur de l'église Saint-Nicaise après l'incendie de 1934. Il a été réalisé aux environs de 1540.

Six panneaux provenant des fenêtres du chœur ont été donnés au Musée Département des Antiquités par le Consistoire Protestant de Rouen en 1835. Ils représentent le miracle des Bilettes. Ils sont datés des années 1540-1550.

Une autre fenêtre provenant de l'église Saint-Eloi est conservée au Musée Départemental des Antiquités. Il représente le Repas chez Simon (vers 1530-1535)
 
Orgues

L'instrument a été construit en 1731 par Lefebvre, père et fils. Il a du être achevé en 1734.
Le buffet est de Vernisse, les sculptures de Gibon, Paillet, et Rollet.
Il a été vendu en 1803 à la communauté protestante lors de la transformation de l'église en Temple. Il a alors été restauré par Louis Godefroy. Le facteur Blanchard interviendra en 1863, Gadault, en 1883.
Suite aux dégâts occasionnés par la guerre, l'instrument a été restauré en 1952 par Beuchet-Debierre.
Une reconstruction complète est intervenue entre 1977 et 1979 par Théo Haerpfer.
 
Confréries
Approbation d'une confrérie de 60 confrères et de 7 sœurs, en l'honneur de Dieu Tout-Puissant, et de la Très glorieuse Vierge Marie et des saints Christophe, Jacques et Nicolas et des saintes Anne, Catherine, le 12 juillet 1547.
Confrérie de saint Eloi, pour les maréchaux.
Confrérie du saint Sacrement, pour toutes personnes.
Confrérie de saint Eloi
, pour les selliers, carrossiers.
 
Localisation


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Bibliographie
Histoire de la ville de Rouen, F. Farin, 3e ed., 1738, t. IV, p.309-317.
Abrégé de l'histoire ... de la ville de Rouen, Lecoq de Villeray, 1759, p. 312-313.
D
ictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France, J. J. Expilly, Tome VI, 1770, p. 423-424.
Tableau de Rouen,
Machuel, 1777, p. 87-89.
Rouen,
Théodore Licquet, 1831, p. 109.
Exploration de la Normandie - Rouen
, Walsh, 1835, p. 445-448.
Journal de Rouen - Quelques mots sur le Temple Saint-Eloi,
E. de la Querière, 1858.
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Rouen, les villes d'art célèbres,
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A travers Rouen Ancien et Moderne,
G. Dubosc, 1926, p. 84.
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C. Enlart, 1928, p. 83-84.
Rouen, Ville d'art et d'Histoire, Eglises, chapelles et cimetières à travers les âges
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Répertoire des Anciennes Confréries et Charités du diocèse de Rouen approuvées de 1434 - 1610. Abbé Martin, 1936, p144.
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La reconstruction de l'orgue de l'église réformée Saint-Eloi de Rouen,
Muess, Claude-Rémy, L'Orgue, n° 178, mai-juin 1981.
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Le vitrail en Normandie, entre Renaissance et Réforme (1517-1596)
, Laurence Riviale, 2007, p.271.
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Eglises et chapelles de Rouen, un patrimoine à (re)découvrir, Ch. et Henry Decaën, AMR, 2017, p.88-91.

© Copyright Jacques Tanguy, février 2013