Sainte-Croix-Saint-Ouen


Livre des Fontaines de Jacques Le Lieur

L’église paroissiale Ste-Croix-St-Ouen a maintenant complètement disparue. Elle se trouvait au sud de l’église abbatiale St-Ouen, là où passe maintenant la rue des Faulx.
Avant le XIIe siècle, elle était en dehors de l’enceinte de la ville.
L’église Ste-Croix-St-Ouen n’était initialement qu’une simple chapelle située à l’intérieur même de l’ancienne abbaye de St-Ouen et destinée à l’usage des habitants du Bourg-l’Abbé, qui entourait le monastère.
Souvent ruinée et reconstruite, Ste-Croix-St-Ouen fut réédifiée à peu de distance du portail des Marmousets, l’accès méridional de l’abbatiale St-Ouen.
Au début du XIVe siècle, l’abbé Marc d’Argent s’était engagé à faire bâtir cette église exclusivement en faveur de la population des environs, en même temps qu’il lançait le chantier de l’ababtiale St-Ouen, un pur joyau d’art gothique.

Le cimetière de l’abbaye fut restructuré de fond en comble en 1319 pour permettre d’y bâtir le nouvel édifice paroissial indépendant de St-Ouen. C’était là le seul espace disponible pour élever un tel sanctuaire digne d’une paroisse. Cependant, l’église commençant à devenir trop étroite, une sentence de l’Official de Rouen enjoignit aux religieux de l’abbaye de St-Ouen, le 28 mars 1460, de procéder à l’agrandissement de l’église. Ils en avaient le patronage et demeuraient, en fait, les décideurs.
Après de longues négociations, un accord fut conclu. Il stipulait la reconstruction d’un édifice plus vaste. Le Parlement homologua les termes du compromis entre les paroissiens et les moines de St-Ouen, le 31 juillet 1523.
Le 15 février 1529, de nombreux paroissiens acceptèrent un nouvel impôt volontaire pour financer encore des travaux : “quatre sous tournois pour chaque pied d’héritage assis sur la rue en ladite paroisse pour la construction de l’église”.
L’église fut de nouveau reconstruite en 1601, ruinée après avoir subi les dévastations des Huguenots en 1562 et l’incendie.
Blaise Pascal habita la paroisse de 1639 à 1647. Peut-être y rencontra-t-il des Jansénistes comme Charles III Maignart de Bernières ?
Le portail de l’église fut rebâti une ultime fois en 1760 par l’architecte Jean-Claude Defrance (1694-1768). Mais, le sculpteur rouennais Marin-Nicolas Jaddoulle (1736-1805), un ancien élève du célèbre René-Michel dit Michel-Ange Slodtz (1705-1764), en avait exécuté toute la décoration et ne la termina qu’en 1779. Le Rouennais Louis Gilbert a été l’architecte de l’église pour la courte période de 1781 à 1782.
Jusqu’au XVIIIe siècle, l’église Ste-Croix-St-Ouen ne devait comporter qu’une nef et un bas-côté vers le nord.

C’est ainsi qu’elle figure sur le dessin de Jacques Le Lieur (1525) et celui figurant dans l’ouvrage de Dom Pommeraye (1662). Le projet de l’architecte de France (1761) donne une forme plus classique avec une nef flanquée de deux bas-côtés. Les longueurs sont elles-aussi différentes (3 travées, puis 7 travées). Vers l’est, le sanctuaire circulaire était entouré par un déambulatoire sur lequel s’ouvrait une chapelle axiale dédiée à la Vierge.
Pour respecter la clôture monastique, aucune ouverture ne devait être pratiquée vers l’abbatiale, comme l’avait spécifié l’accord de 1523.
La tour du clocher était placée au milieu de la nef. Le Lieur indique qu’elle était surmontée d’une flèche, dom Pommeraye montre une sorte de dôme surmonté d’un coq.


Dom Pomeraye

 

Clergé
En 1770, le clergé se composait de 25 personnes :
16 prêtres
2 sous-diacres
6 acolytes
 
Mobilier
Au portail occidental, un bas-relief de 1780 représentait l'Exaltation de la Sainte-Croix par Jaddoulle.
 
Tableaux
Un tableau de Farinatte représentant l'Adoration des Rois ornait la contretable du grand autel. Il avait été réalisé vers 1660.
Un tableau représentant L'Adoration des Mages , de Matthias Stom (ou Stomer) est maintenant au Musée des Beaux-Arts.


L'Adoration des Mages

 
Confréries

Confrérie de l’Annonciation de Notre-Dame, pour les bouchers. La rue voisine était la rue des Boucheries saint Ouen.
Confrérie du saint Sacrement.
Confrérie de saint Maurice et de sainte Hellène, pour les teinturiers en draps et étoffes.

 
Localisation


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Bibliographie
Histoire de la ville de Rouen, F. Farin, 3e ed., 1738, t. IV, p. 428-457.
Histoire de l'Abbaye royale de Saint-Ouen de Rouen, Dom F. Pommeraye, 1662.
Abrégé de l'histoire ... de la ville de Rouen, Lecoq de Villeray, 1759, p. 326-328.
Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France, J. J. Expilly, Tome VI, 1770, p. 432-433.
Tableau de Rouen,
Machuel, 1777, p. 83-85.
Description historique des maisons de Rouen,
E. de la Quérière, 1821, p.256. T. II, 1841, p. 274.
Lettres sur la ville de Rouen, Alexandre Lesguilliez, 1826, p. 323.
Coup d'œil  rétrospectif sur 24 églises paroissiales supprimées à la Révolution, E. de la Querrière, Bull Ste d'Emulation, 1864, p.234
Les fondations de l'église Sainte-Croix-Saint-Ouen, F. Bouquet, Revue de la Normandie, 1870, p.693-696.
Sceau-matrice de Sainte-Croix-Saint-Ouen,
P. Baudry, Bull. CDA, 1876-1878, p. 114-15.
Notice sur l'église Sainte-Croix-Saint-Ouen
, Ch. de Beaurepaire, Bull. CDA, 1885-87, p.11-26.

Nos anciennes églises de Rouen,
E. Faroult, L'Arch. et la Cons. dans l'Ouest, 1924-6, p. 36-39.
Documents des Archives départementales sur l'église Ste-Croix-st-Ouen
, P. Le Cacheux, Bull. AMR, 1928-31, p.30-31.

Rouen, Ville d'art et d'Histoire, Eglises, chapelles et cimetières à travers les âges
. Edgard Naillon, T. 2, 1936.
La peinture d'inspiration religieuse à Rouen au temps de Pierre Corneille, E. Starcky, P. Rosenberg, 1984, p. 79-81
Rouen aux 100 clochers, F. Lemoine,
J. Tanguy, 2004, P. 39-41.
Rouen à la Renaissance
, L.-R; Delsalle, 2007, p.366.
Tableaux flamands et hollandais du Musée des Beaux-Arts de Rouen
, 2009, p. 139-143.

© Copyright Jacques Tanguy, février 2013