Sainte-Croix des Pelletiers

A l’origine, l’église Ste-Croix-des-Pelletiers n’était pas le centre d’une paroisse mais plutôt, au Xe siècle, une simple chapelle dédiée à Notre-Dame. Elles relevaient du comte de Clères qui possédait un hôtel non loin de là. Au XIIe siècle, elle se retrouva dans la ville et, le quartier prenant de l’importance grâce à l’installation des marchands pelletiers, une paroisse fut créée à la fin du moyen âge.
On a longtemps pu lire une inscription en latin sur la tombe commune des trois premiers curés de Ste-Croix-des-Pelletiers, issus de la même famille, celle des Brèvedent : Qu’il est doux pour des frères d’habiter ensemble... Trois noms et quelques dates étaient gravés dans la pierre, à moitié effacés : “Gilles de Brèvedent (curé de 1492 à 1500), Guillaume de Brèvedent (curé de 1500 à 1518) et Richard de Brèvedent (curé de 1518 à ...)”.
L’église, désormais dénommée Ste-Croix-des-Pelletiers, fut dédiée le 8 mai 1533 par Jean de la Massonnaye, évêque d’Hippone, suffragant du cardinal-archevêque Georges II d’Amboise. La nef du XVe siècle avait été prolongée par un chœur au XVIe siècle. Ce chœur était flanqué de deux chapelles simples, consacrées seulement en mai 1536.

Ste-Croix-des-Pelletiers fut pillée par les Huguenots en 1562. Ils lui enlevèrent vint-six marcs d’argent.
Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, de 1669 à 1672, furent aménagées six chapelles dans le monument, tout autour d’un chœur remanié.
D’après Farin, l’une d’elle, la chapelle du “Verbe Incarné”, avait été bâtie par un Espagnol dénommé Delos Angelos, natif de la Nouvelle-Espagne (devenue le Mexique). Il rapporte qu’on y voyait un tableau représentant une Vierge des Amériques, Notre-Dame-de-Guadalupe.
Au XVIIe siècle, on procéda  à de nombreux embellissements.
L’église Ste-Croix-des-Pelletiers consiste en une nef unique, voûtée en bois.
La charpente d’origine possède toujours des poutres apparentes où l’on discerne encore, au centre, les armes de Brézé et de Clères, ainsi qu’aux extrémités des entraits, des “rageurs” ou “engoulants” (têtes de monstres semblant « avaler » l’extrémité de ces pièces de charpente).
La façade occidentale qui donne sur la rue Ste-Croix-des-Pelletiers est percée d’un portail très simple surmonté par une fenêtre ogivale éclairant la nef. Le pignon est soutenu par deux gros contreforts.
Un petit clocheton en charpente, recouvert d’ardoises, était à cheval sur le fait, non loin de la façade.
Devant l’église subsiste une curieuse échoppe conforme à celles fréquemment accolées autrefois aux flancs des bâtiments religieux depuis le XVIème siècle. Elles étaient édifiées essentiellement pour procurer des ressources financières aux paroisses. Il s’agit de la boutique de l’écrivain public. Ce rare spécimen de construction adventice a radicalement disparu autour des églises rouennaises.

Au nord de la façade de l’église, là où se trouvait le mur du cimetière, une fontaine avait été construite en 1663 suite à la demande des paroissiens.
Supprimée en 1791, l’église définitivement fermée au culte fut adjugée et vendue, le 14 novembre 1792, pour une somme de 33.000 livres. Le sommet du petit clocher en bois et ardoise fut abattu en 1843.
L’édifice, désaffecté, servit de magasin, d’entrepôt et de chai à vin aux distillateurs Lemirre et Reiss jusque vers 1940. Racheté en 1941 par un mécène, Jules Jacqueline, restauré par l’architecte Robert Flavigny, il fut finalement utilisé comme salle de conférence et de concerts. Inaugurée en 1951, l’église est devenue la salle Ste-Croix-des-Pelletiers. D’abord louée puis, plus récemment, rachetée par la ville de Rouen elle a vu confirmer sa nouvelle vocation de salle de spectacles. Elle accueille le public à l’occasion de manifestations culturelles ou pour diverses réunions...

 
Clergé
En 1770, le clergé se composait de 10 personnes :
6 prêtres
1 sous-diacre
3 acolytes
 
Mobilier

Grâce à l’intervention d’un généreux donateur, monsieur de Franquetot, les murs de l’église avaient été lambrissés. Le chœur avait été orné de balustrades. Une nouvelle chaire et une magnifique contretable pour le maître-autel furent installées par Cavelier, curé de la paroisse.
Adrien Martel de Fontaine, abbé commendataire de St-Victor-l’Abbaye, avait été inhumé à l’intérieur de l’église Ste-Croix-des-Pelletiers, le 26 janvier 1674.

 
Confréries

Les pelletiers-fourreurs avaient fondé leur confrérie dans la chapelle Notre-Dame, sous le nom de Confrérie de Dieu et de Notre-Dame. Les titres leur en auraient été donnés par le duc-roi Henri Ier Beauclerc au début du XIIe siècle.
Il y avait aussi :
Confrérie de saint Barthélemy et de saint Wulgan pour les porteurs de sel.
Confrérie de Notre Dame de Bénédiction.
Confrérie du Saint-Sacrement
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Localisation


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Bibliographie
Histoire de la ville de Rouen, F. Farin, 3e ed., 1738, t. IV, p.272-280.
Abrégé de l'histoire ... de la ville de Rouen, Lecoq de Villeray, 1759, p. 329-330.
Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France, J. J. Expilly, Tome VI, 1770, p. 432.
Tableau de Rouen,
Machuel, 1777, p. 81-83.
Description historique des maisons de Rouen,
E. de la Quérière, 1821, p.208. T. II, 1841, p. 240.
Lettres sur la ville de Rouen, Alexandre Lesguilliez, 1826, p. 319-320.
Coup d'œil  rétrospectif sur 24 églises paroissiales suppr. à la Révolution, E. de la Querrière, Bull Ste d'Emulation, 1864, p.234
Inscription dédicace de l'église Sainte-Croix-des-Pelletiers, Abbé Cochet, Bull. CDA, 1867-69, p. 202.
Répertoire archéologique du départ. de la S.-Inf.,
Abbé Cochet, 1871, col, 392-393.
Eglises supprimées de Rouen
, Albert Sarrazin, 1874, p. 18-26.
Nos anciennes églises du XVIe siècle, E. Faroult, l'Arc. et la Cons. dans l'Ouest, 1924-8&11, p.36-39, 52-54.
Rouen, Ville d'art et d'Histoire, Eglises, chapelles et cimetières à travers les âges
. Edgard Naillon, T. 2, 1936.
Chronique monumentale : les église St-Et. des Tonneliers et Ste-Cx-des-Pelletiers, G. Lanfry, Bull. AMR, 1939-45, p. 131.
Historique de l'ancienne église Sainte-Croix-des-Pelletiers, P.-M. Lefebvre, Bull de la Com. d'Esthétique et d'Archéo. Urbaine, Tome 5, 1950-1952, p.27-39.
Rouen, du passé toujours présent... au passé perdu, Y. Pailhés, 2004, p. 136-137.
Rouen aux 100 clochers, F. Lemoine,
J. Tanguy, 2004, P. 38-39.

© Copyright Jacques Tanguy, février 2013