Saint-Denis

L’église paroissiale St-Denis était ancienne. Son existence est déjà attestée au IXe siècle. Elle s’affirmait comme une église aux origines lointaines. Saint Denis, premier évêque de Paris, aurait été décapité au IIIe siècle, lors d’une persécution, mais les dédicaces d’églises à son nom semblent plutôt s’être développées aux VIe et VIIe siècles.
L’église abrita tout au long du Moyen-Age - et au moins jusqu’au XVe siècle - le siège de l’importante confrérie des chirurgiens-barbiers. Une rue des Barbiers existait à proximité, entre la rue des Bonnetiers et la rue Saint-Romain. Elle disparut lors de l’ouverture de la rue Royale (notre actuelle rue de la République), en 1843.

Cette paroisse fut au XVIIe siècle celle de François Farin, célèbre historien de Rouen. Né sur le territoire de la paroisse, baptisé à St-Denis, il fut d’abord simple prêtre habitué en l’église St-Godard de Rouen. Puis, au cours du XVIIe siècle, il devint prieur du Val (près de Veules-en-Caux, actuellement Veules-les-Roses).
L’église d’origine subit bien des malheurs. Plusieurs incendies ravagèrent l’édifice, en 1203 et 1210 particulièrement. Elle ne put être reconstruite qu’au XVIe siècle, à partir de 1508. Au stade final de son édification, elle avait bénéficié des apports architecturaux de la fin du moyen âge et de la Renaissance et devait assez ressembler à l’église St-Maclou sa voisine.
Comme les autres églises, St-Denis fut mise à sac par les Huguenots en 1562.

La nef de l’église comportait sept travées, soutenues par des moulures prismatiques et sans chapiteaux. Les voûtes étaient de pierre. Elles n’avaient pas été terminées. L’abside était de forme polygonale.
L’église possédait deux clochers. Un petit clocher sur le faîte du chœur était en charpente recouverte d’ardoise. Le plus important était au bas de la nef. Son coq dut être remplacé en octobre 1642 suite à une tempête.
Il n’y avait pas de portail occidental. Des maisons avaient été construites contre le mur pignon. On entrait dans l’édifice par des portes latérales. Celle du nord donnait dans la rue St-Denis (qualifiée souvent dans les actes de “Montceau-St-Denis” à cause d’une légère élévation de terrain encore perceptible), celle du sud s’ouvrait sur un passage qui menait vers la rue des Halles par un passage entre les maisons.
L’église fut supprimée en 1791 et vendue avec son presbytère le 6 mars 1792 pour une somme de 101.500 livres. Un passage tracé à travers l’église désaffectée, entre la rue St-Denis et la rue des Halles amena la destruction du bas-côté nord et de l’abside. Le reste de l’édifice avait été converti en magasins.

Avant la seconde guerre mondiale, des vestiges étaient encore visibles rue St-Denis et rue des Halles.
Les premiers incendies de la guerre les firent presque entièrement disparaître. Véritablement soufflées par les bombes dans la journée du 8 mars 1943, les ruines, déjà calcinées par le gigantesque brasier de la mi-juin 1940, se résumaient essentiellement à un pan de mur, percé de fenêtres ogivales, et quelques piliers.
La reconstruction leur fut fatale. En dehors du nom de la rue St-Denis, il ne reste plus rien pour rappeler à la fois une ancienne paroisse méconnue et un édifice gothique rouennais disparu.

 
Clergé
En 1770, le clergé se composait de 11 personnes :
8 prêtres
2 sous-diacres
1 acolytes
 
Mobilier
La contretable de l'autel principal avait été exécuté par le sculpteur Martin Montlandrin en 1663 grâce à la générosité d'un ancien curé, Thomas Sencier.
Le chœur était entouré par une clôture de fer datant de 1714.
 
Tableaux
Les tableaux Le Christ de Pitié et La Mère de Pitié et Trois demi-figures d'anges de Pierre Letellier sont conservés au Musée des Beaux Arts.

Le Christ de Pitié

La Mère de Pitié

Trois demi-figures d'anges
 
Vitraux

Les fenêtres étaient ornées de vitraux curieux et estimés. La dernière verrière du bas-côté donnant sur la rue St-Denis narrait une scène de la vie de saint Nicolas. C’était l’histoire d’un débiteur qui prétendait s’être acquitté envers son créancier. Mais l’homme avait rompu sa canne sous la roue d’un char, en présence des juges et sur l’intervention miraculeuse de saint Nicolas. On voyait sur le vitrail cette canne creuse contenant l’argent qu’il n’avait pas rendu. Cervantès, l’auteur de Don Quichotte, évoqua cette histoire dans son roman.

 
Orgues
L'orgue avait été placé en bas de l'église en 1688.
 
Confréries
Confrérie des chirurgiens-barbiers.
Confrérie des saints Julien, Léger, Yves et Clair, approuvée en juillet 1441.
Confrérie de sainte Barbe
, pour les lingères.
Confrérie de notre Dame de Pitié
.
Confrérie du saint Sacrement.
Charité de Saint-Cosme, Saint-Damien et Saint-Lambert.
 
Localisation


Cliquez sur l'image

 
Bibliographie
Histoire de la ville de Rouen, F. Farin, 3e ed., 1738, t. IV, p.242-246.
Abrégé de l'histoire ... de la ville de Rouen, Lecoq de Villeray, 1759, p. 314-315.
Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France, J. J. Expilly, Tome VI, 1770, p. 42-31.
Tableau de Rouen,
Machuel, 1777, p. 85-87.
Description historique des maisons de Rouen,
E. de la Quérière, 1821, p.209. T. II, 1841, p. 241-242.
Lettres sur la ville de Rouen, Alexandre Lesguilliez, 1826, p. 317-318.
Coup d'œil  rétrospectif sur 24 églises paroissiales supprimées à la Révolution, E. de la Querrière, Bull Ste d'Emulation, 1864, p.235
Répertoire archéologique du départ. de la S.-Inf., Abbé Cochet, 1871, col, 391.
Eglises supprimées de Rouen
, Albert Sarrazin, 1874, p. 28-34.
Statuts de la
Charité de Saint-Cosme, Saint-Damien et Saint-Lambert, Ch. de Beaurepaire, 1888.
Journal de Rouen,
20 février 1888, p. 2.
Note sur la paroisse de Saint-Denis de Rouen,
Ch. de Beaurepaire, Bull. CDA, 1894-96, p. 105-117. (Repris dans Mélanges Historiques et Archéologiques, 1897, p. 251-240).
Nos églises du XVIe siècle,
E. Faroult, L'Archi. et la Cons dans l'Ouest, 1925-18, p. 108-111.
Rouen, Ville d'art et d'Histoire, Eglises, chapelles et cimetières à travers les âges
. Edgard Naillon, T. 2, 1936
Répertoire des Anciennes Confréries et Charités du diocèse de Rouen approuvées de 1434 - 1610. Abbé Martin, 1936, p144.
Les vestiges de l'Eglise Saint-Denis, G. Lanfry, Bull. CDA, 1938-1944, p. 81-82.

T
ableaux français du XVIIe s. et italiens des XVIIe et XVIIIe s. P. Rosenberg, 1966, p. 87, 88, 140.
Rouen aux 100 clochers, F. Lemoine et J. Tanguy, 2004, p.41-42.

© Copyright Jacques Tanguy, février 2013