Monastère des Célestins (Notre-Dame du Val)

Le couvent des Célestins s’élevait vers la porte St-Hilaire, à l’intérieur de la ville. Depuis la fin du XIVe siècle, l’endroit où il se trouvait avait été inclus dans l’enceinte de la ville.
Le fondateur rouennais du monastère des Célestins était le duc de Lancastre Jean de Bedford. Il avait reçu du roi d’Angleterre Henri V une ancienne maison de plaisance des ducs de Normandie, le manoir de Chanteraine, qu’il avait rebaptisé “Joyeux-Repos” et qu’il avait développé à plusieurs reprises.

A la mort de son frère et souverain, il devint régent du royaume, son neveu n’ayant qu’un an. Il mit en place une politique visant à concilier aux Lancastres les élites civiles et religieuses. Parmi les communautés qu’il favorisa figurent les Célestins qu’il fit venir à Rouen et installa dans son manoir où, en 1430, il leur fit élever une chapelle. A son décès, en 1435, il leur légua l’ensemble du Joyeux Repos. Le roi Henri VI, et les autres héritiers, sa veuve Jacqueline de Luxembourg, les ducs de Dorset et Glocester, confirmèrent la donation, le roi demandant que le nouveau monastère soit nommé le Val de la Ste-Vierge. Avec la confirmation, le roi avait donné une rente de 200 livres par an pour construire les bâtiments.
L’opposition des moines de St-Ouen ne purent rien pour empêcher la construction.
En 1449, Charles VII met fin aux trente ans d’occupation anglaise. En 1421, il avait promis aux Célestins 16.000 livres pour construire un monastère en reconnaissance de la victoire de Baugé. Il avait là l’opportunité de satisfaire sa promesse à peu de frais. Il confirma donc la donation de Bedford, comme le fit Philippe duc de Bourgogne. Il demanda toutefois que le nom en fut changé en Notre-Dame-du-Val. Les Célestins de Rouen s’en souvinrent et considérèrent Charles VII comme leur véritable fondateur.
Les travaux durèrent longtemps, malgré les donations répétées de Louis XI, d’Anne et Pierre de Beaujeu.
Jean de Hangest, sire de Genlis, chambellan de Louis XI et capitaine des châteaux de Rouen, obtint de se faire enterrer dans l’église en remerciement pour ses libéralités.
L’arrivée à Rouen, en 1494, du cardinal-archevêque Georges Ier d’Amboise fut une bénédiction pour les religieux. Par ses relations, par les indulgences qu’il accorda, le travaux purent être menés à bien. En 1502, c’est lui qui consacrait la nouvelle église. Le monastère souffrit des guerres de religion. En 1562, les protestants y firent des dégâts estimés à 25.000 livres.
L’ordre des Célestin supprimé en 1778, le cardinal de la Rochefoucauld réunit les biens du prieuré à ceux du séminaire St-Nicaise par une ordonnance de 1783. Le supérieur de cet établissement s’empressa de les vendre pour une somme de 150.000 livres à un marchand de Rouen, Jean-Nicolas Sevestre.
Situés sur un vaste terrain bordé par les remparts de la ville et le cours du Robec, les bâtiments monastiques s’organisaient autour d’une cour carré, le cloître. Des jardins occupaient les terrasses jusqu’à la muraille de la ville.
Au nord, se trouvait l’église, le long de la rue Eau-de-Robec. Sur la même rue s’ouvrait le portail principal dont le tympan était sculpté.
La planche de l’aqueduc de Carville du Livre des Fontaines de Jacques Le Lieur permet de se faire une idée de ce qu’était l’église des religieux Célestins.
Elle était formée d’une nef unique de huit travées, voûtée de pierre. Le comble était rectiligne. Au milieu du faîte s’élevait un petit clocher de charpente qui contenait quatre cloches.
Le pignon occidental était simple, percé seulement d’une grande baie. Le chevet était une abside à trois pans.
Sur le flanc nord s’ouvraient deux chapelles à toitures indépendantes.
Elle contenait les tombeaux de quelques généreux donateurs, en particulier les sépultures de Claude Groulard, Premier président au Parlement de Normandie, décédé le 1er décembre 1607, et de Barbe Guiffard, sa seconde femme, ainsi que celles de Robert Le Roux, sieur de Tilly, conseiller du Parlement, et de Marie de Bellièvre, son épouse.
Le 8 septembre 1820, une partie de l’emplacement fut acquis par l’Hospice Général, établissement auquel succèdera l’actuel Centre Hospitalier Universitaire.
Quelques vestiges des bâtiments des XVe et XVIe siècles subsistèrent tout au long du XXe siècle. L’un des plus considérables était une grande cave. Les travaux d’aménagement de l’hôpital vers la fin du siècle dernier les firent disparaître.

 
Clergé
En 1770, le clergé se composait de 6 religieux-prêtres.
En 1723, les revenus de la communauté étaient de 6 640 livres.
 
Mobilier
Le mobilier a été dispersé avant la Révolution.
La contretable du début du XVIIe siècle est attribuée à Michel Lourdel. Elle est aujourd’hui placé dans l’église de Bacqueville dans l’Eure. Au même endroit ont été recueillis un retable, un tabernacle et des stalles, ainsi que deux statues (dont une sainte Catherine attribuée à Michel Lourdel)
 
Tableau
Un tableau représentant le Mariage de sainte Catherine serait conservé dans l'église de Bacqueville (Eure)
 
Vitraux
La collection Gaignières montre deux fragments du vitrail de la chapelle des Dix Mille Martyrs qui se trouvait dans l'église.
Il montrait la famille de Louis de graville, grand amiral de France.
D'un côté, un homme est accompagné de ses deux fils. De l'autre, unefemme accompagnée de deux jeunes filles.
 
Cloches
Les 3 des 4 cloches du couvent ont été achetées par M. Quesnel (pour 1 050 frs). L'une d'entre elle a été placée dans le clocher de la chapelle de l'Hospice Général. Elle porte la date de 1719. Deux autres cloches, datées de 1781 et 1825 ont longtemps été considérées comme venant des Célestins, ce qui est fortement contesté maintenant.
 
Localisation


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Bibliographie
Histoire de la ville de Rouen, F. Farin, 3e ed., 1738, t. VI, p. 258-283.
Abrégé de l'histoire ... de la ville de Rouen, Lecoq de Villeray, 1759, p. 415-417.
Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France, J. J. Expilly, Tome VI, 1770, p. 442.
Tableau de Rouen,
Machuel, 1777, p. 173.
Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France, Jean-Joseph Expilly, Volume 6, p. 442.
Répertoire archéologique du départ. de la S.-Inf.,
Abbé Cochet, 1871, col, 382.
Les couvents de Charité à Rouen, Th. Eude, Groupe Hist Hôp., 1989.
Rouen aux 100 clochers, F. Lemoine, J. Tanguy, 2004, P. 112-113.
Rouen à la Renaissance, L.-R; Delsalle, 2007, p.324-325.

© Copyright Jacques Tanguy, février 2013